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Les 8 manières d’améliorer l'empreinte eau de mon assiette

Un article de Julie Pouliquen, mis à jour le 06/11/2024

Eau
Alimentation

Un champ arrosé, une photo de Lumin Osity

En moyenne, 70% de votre empreinte eau provient de votre alimentation. Ce poste est de loin le plus important, car l’empreinte eau, c’est avant tout l’eau que l’on a consommée pour produire les végétaux de notre quotidien. Il y a les végétaux que l’on consomme directement, et ceux qu’ingurgitent les animaux dont nous consommons les produits. Quels réflexes adopter pour que notre alimentation affecte moins le cycle de l’eau partout sur la planète ? ⬇️

Quelques éléments de contexte sur l’empreinte eau

L’empreinte eau, qu’est-ce que c’est ?

L’empreinte eau est un calcul visant à quantifier l’impact de nos usages, modes de vie… sur la ressource en eau, partout sur la planète. Il s’agit de traquer les consommations d’eau tout au long du cycle de production d’un service ou d’un produit (en l’occurence ici, des aliments). Puis de multiplier ces consommations par le facteur de stress hydrique du territoire concerné (à savoir, un facteur qui valorise le coefficient de “rareté” de l’eau : consommer un litre d’eau en Inde n’a pas le même impact qu’en Norvège).

La question du stress hydrique

L’empreinte eau est donc très dépendante du lieu de production de l’aliment. Plus le facteur de stress hydrique est élevé, plus l’empreinte eau grimpe. Pour préserver la ressource en eau, il faut privilégier les produits provenant de régions non soumises à des sécheresses répétées (plutôt en bleu sur la carte ci-dessus). Le facteur varie entre 0 et près de 100 dans les zones les plus arides.

Carte mondiale des facteurs de stress hydrique utilisés dans la méthode AWARE Carte mondiale des facteurs de stress hydrique utilisés dans la méthode AWARE

À éviter le plus possible, surtout dans le cas de productions très consommatrices en eau : le nord de l'Afrique, l'Espagne, l'Inde, le Chili, l'Argentine, la côte ouest des États-Unis, la Turquie, les Emirats, la Chine et l’Australie.

Eau, carbone : même combat

De manière générale, notons que les enseignements de l’empreinte carbone recoupent ceux de l’empreinte eau. Les messages se rejoignent, et travailler à une alimentation moins carbonée contribue également à réduire la pression sur la ressource hydrique :

  • Moins de produits issus de l’exploitation animale
  • Plus de fruits et légumes
  • Plus de légumineuses
  • Toujours plus de produits locaux, et de saison

Détaillons un peu ces grands enseignements pour comprendre les impacts sur la ressource en eau.

Les 8 façons de réduire l’empreinte eau de son assiette

Ces actions sont listées par ordre décroissant de potentiel, pour une assiette “moyenne” (représentative de la consommation des français). Il se peut que vous ayez déjà intégré tout ou partie de ces bonnes pratiques !

1. Consommer moins de viande

Les produits issus de l’exploitation animale ont une empreinte eau importante, majoritairement liée à leur alimentation. La majorité du temps, il a fallu d’abord faire pousser des végétaux, pour ensuite alimenter les animaux, qui viennent ensuite nous alimenter nous, que ce soit en produisant du lait ou des œufs, ou lorsque l’on consomme leur viande.

Les viandes, toutes confondues, ont une empreinte eau qui varie entre 2 800 (le porc) et 10 000 (l’agneau) litres-équivalent / kg de produit.

Il est crucial de réduire notre consommation de produits d’origine animale, dont la prévalence dans nos régimes alimentaires entretient un système productiviste à fort impact sur le cycle de l’eau. Moins, mais mieux, c’est la relation que nous devons entretenir avec les produits d’origine animale que nous consommons. Et en termes d’empreinte eau, mieux, c’est :

  • Préférer la volaille et le porc à la viande rouge (en faisant attention à sa provenance)
  • Privilégier les viandes provenant d’exploitations où les animaux pâturent plutôt que sont nourris aux céréales (on ne compte pas de “consommation” d’eau pour l’herbe broutée, qui n’est arrosée que par la pluie)
  • Privilégier une viande locale, ou a minima provenant d’un pays non sujet aux sécheresses

2. Acheter moins de produits d’origine animale

Production de viande et industrie laitière (ou production d’œufs) se répondent en permanence. La réduction de notre consommation de viande doit s’accompagner d’une réduction globale de notre consommation de produits d’origine animale : lait et produits dérivés, œufs. Pour ces derniers, les bons réflexes sont exactement les mêmes : moins, mais mieux.

À savoir :

  • Privilégier les produits issus d’exploitations privilégiant le pâturage à l’alimentation céréale
  • Acheter des œufs numérotés 1 ou 0 (poules élevées en plein air)

3. Réduire sa consommation de poisson

L’eau et les poissons, c’est une histoire qui dure… 🎣 L’humain et les poissons, c’est une histoire qui bât de l’aile (ou plutôt, de la nageoire…).

Certes, les poissons d’élevage ont une empreinte eau très importante, liée encore une fois à l’alimentation qui leur est fournie. Mais nous ne pouvons recommander de vous tourner vers les poissons sauvages, qui sont victimes pour beaucoup de surpêche et dont la durabilité des populations est mise à mal.

Comme pour les viandes, du côté des poissons, il s’agit donc d’en consommer moins, mais mieux. Ce qui signifie ici :

  • Privilégier les poissons issus d’une pêche artisanale
  • Choisir les “meilleurs” poissons, à l’empreinte eau la plus faible (maquereaux, sardines)
  • Alterner poissons gras et poissons maigres (une question de santé)

4. Manger 5 fruits et légumes par jour… et même plus !

Les légumes ont une empreinte eau majoritairement faible. En moyenne, tous les légumes se situent sous le seuil des 1000 litres-équivalent / kg de produit. Végétaliser son alimentation est donc une très bonne façon de réduire son empreinte eau.

Attention tout de même : l’empreinte eau des fruits frais est très élevée. En moyenne, ils nécessitent beaucoup d’arrosage. Choisissez des fruits locaux ou provenant de régions non soumises à un gros stress hydrique (évitez l’avocat !).

Quelques autres attentions à avoir :

  • Privilégier les légumes adaptés à l’hydrologie de votre territoire (dans une région coutumière des sécheresses, choisir des légumes peu gourmands en eau)
  • À défaut, privilégier les produits provenant de territoires non soumis à des sécheresses répétées (voir carte ci-dessus)

5. Cuisiner une avalanche de légumineuses

Les légumineuses, ou “légumes secs”, sont les champions de l’empreinte eau. C’est la famille d’aliments en consommant le moins, et de loin ! Et elles ont d’autres super pouvoirs :

  • Ce sont des engrais verts naturels nécessitant peu d’intrants et permettant de fixer l’azote dans le sol
  • Riches en glucides, fibres, vitamines, minéraux et protéines, elles participent fortement à une alimentation équilibrée

6. Bien choisir ses céréales

Les céréales ont globalement une empreinte eau relativement faible (inférieure à 1 m3 par kg de produit) et vous pouvez en consommer sans compter. Sauf une, dont l’empreinte est extrêmement élevée, car elle consomme énormément d’eau par évapotranspiration : le riz. Son empreinte est de 14 000 litres-équivalent d’eau par kg de produit en moyenne.

Pour du riz à l’empreinte eau réduite, préférez ceux provenant de pays soumis à un stress hydrique moins important : sud-est asiatique (Vietnam, Thaïlande, Cambodge, Indonésie, Philippines), ou France ! La Camargue produit un très bon riz.

7. Privilégier les produits locaux, et de saison

Plus les aliments sont locaux et de saison, moins il est nécessaire d’arroser artificiellement. Se fournir chez son maraîcher est toujours la meilleure option !

8. Éviter le plus possible les emballages jetables

Le meilleur emballage est celui que l'on n'utilise pas. À travers nos achats et nos habitudes de consommation, il est possible de privilégier des produits avec moins d’emballages. En complément, le réemploi des emballages doit être privilégié pour permettre d’allonger leur durée de vie et de préserver les ressources en eau nécessaires à la fabrication de nouveaux emballages. Pour certains aliments, l’empreinte eau de l’emballage peut être supérieure à l’empreinte eau de l’aliment lui-même !